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Une protéine présente dans la bouche pourrait-elle prévenir la maladie d’Alzheimer ?

Le microbiome comprend environ 700 variétés de micro-organismes, dont des bactéries, des champignons, des virus et des protozoaires, les bactéries (Photo : Shutterstock/pikselstock)
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mar. 15 février 2022

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MONTRÉAL, Canada : Des chercheurs de l’université de Montréal, Canada, ont découvert qu’une protéine, la phosphoprotéine sécrétoire proline-glutamine riche 1 (SCPPPQ1), présente sur la gencive aurait un pouvoir antibactérien capable de détruire la bactérie Porphyromonas gingivalis, bactérie qui serait liée à des maladies neurodégénératives, notamment à la maladie d’Alzheimer.

La phosphoprotéine sécrétoire proline-glutamine riche 1 (SCPPPQ1), une protéine normalement exprimée par les cellules de l’attache épithéliale, a été suggérée comme bactéricide. Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont eu pour objectif d’explorer davantage le potentiel antibactérien de la SCPPPQ1 humaine en caractérisant son mode d'action et en identifiant ses parties actives. L'analyse in silico a montré qu'il présente des parallèles moléculaires avec les peptides antimicrobiens. L'incubation de P. gingivalis, un parodontopathogène majeur, avec la protéine pleine longueur a entraîné une diminution du nombre de bactéries.

« Le potentiel antibactérien de la protéine SCPPPQ1 pourrait être exploité non seulement pour limiter les maladies parodontales, mais aussi comme approche thérapeutique pour vérifier les effets des bactéries dans le cerveau ou à d'autres sites vers lesquels ils se sont propagés », a déclaré Antonio Nanci, chercheur et professeur au département de stomatologie de l'université de Montréal. Pour Charline Mary, l'auteur principal de l'article, cette protéine pourrait même apporter « une stratégie supplémentaire pour résoudre le problème de la résistance bactérienne ».

« Les dents sont le seul endroit où l'enveloppe intégrale du corps humain est pénétrée, elles sont donc un endroit critique pour l'entrée des bactéries », souligne le Pr Antonio Nanci, université de Montréal

L'équipe scientifique a rappelé dans sa publication l'importance du microbiome oral. Deuxième plus important chez l'homme après celui de l'intestin, le microbiome oral comprend environ 700 variétés de micro-organismes, dont des bactéries, des champignons, des virus et des protozoaires, les bactéries constituant les principaux habitants. Ce microbiome complexe joue un rôle important dans le maintien de la santé bucco-dentaire ; la perte de son équilibre délicat en raison de la propagation d'agents pathogènes parodontaux spécifiques peut entraîner des maladies parodontales (MP), un état inflammatoire affectant les tissus de soutien des dents. Les formes légères et modérées de MP affectent environ 80 % de la population adulte dans le monde et les formes sévères jusqu'à 15 %.2-4 Outre les manifestations bucco-dentaires, les MP sont liées à des complications systémiques qui mettent la vie en danger, notamment le diabète, les troubles pulmonaires et les cancers colorectaux. Il existe également des preuves d'un lien avec des maladies neurodégénératives. Les bactéries buccales peuvent même se déplacer et coloniser l'intestin pour influencer son microbiome et provoquer une dysbiose. Les considérations ci-dessus confirment l'importance capitale de l'environnement buccal pour la santé humaine.

« Les dents sont le seul endroit où l'enveloppe intégrale du corps humain est pénétrée, elles sont donc un endroit critique pour l'entrée des bactéries », a souligné le Pr Nanci. Avant d’ajouter : « Comme on le sait depuis quelques années, l'infection buccale par P. gingivalis est l'un des principaux facteurs de risque de développement de la maladie d'Alzheimer. Comme SCPPPQ1 peut ralentir la croissance de cette bactérie et même la détruire, nous pouvons attaquer la cause des problèmes à sa source et aider à prévenir plus d'une maladie ».

L’étude  «Effect of human secretory calcium‑binding phosphoprotein proline‑glutamine rich 1 protein on Porphyromonas gingivalis and identification of its active portions», a été publiée dans le journal Scientific Reports, le 09 février 2022.

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